Vous ne connaissez pas Marty Rosswater? Mais si, le célèbre concepteur de cartes Magic (c'est son véritable nom, Marty Rosswater). Savez-vous que derrière certaines de ces créations se rattache une histoire vraie… du vécu de Marty! Eh oui! En y réfléchissant, ça ne semble pas étonnant, le réel est toujours une source d'inspiration. J'entreprends donc de vous raconter ici l'histoire à l'origine de certaines cartes.
Je commence par 'ken le boucher maudit', une légende rouge 'Ken le boucher maudit' avec un pouvoir spécial:   détruisez la créature non-humain ciblée.
Le colosse déposa Marty, qu'il avait porté contre lui durant tout le trajet, et actionna le vérin, les enfermant dans la chambre froide.
« Nous voilà seuls Marty, toi, moi et … ça ! » Il désignait au jeune enfant la valisette qu'il tenait de sa main droite sans jamais l'avoir lâchée depuis le départ de sa maison. La pièce était emplie de carcasses de porc suspendues à des crocs, impeccablement alignées. Une pendait au nez de Marty, seul le nuage de buée qu'il faisait de son souffle le séparait de la bête. Il les connaissait bien les porcs, il les entendait souvent crier de la porcherie en haut de la colline, et n'était pas étonné de les voir ainsi, certains nus et ouverts. C'était le destin de tous les porcs, lui il allait à l'école, les porcs à l'abattoir. C'était le sens normal des choses. Mais comme il n'en avait jamais vu d'aussi près, il était intrigué, par leur dentition notamment.
« Il est beau Monsieur Porc, tu trouves pas Marty ? Hein, regarde-moi ce groin. Et ces canines ! Tu savais qu'elles poussent durant toute sa vie ? C'est qu'il en a besoin… le salop ! »
Kendall posa enfin la mallette, et la regarda intensément. En un instant, il l'ouvrit, en fit jaillir un éclair argenté qui vola au dessus de Marty. La tête de Monsieur Porc, qui semblait sourire, tomba à ses pieds.
« Ça c'est de la feuille, de la bonne feuille de boucher ! » Il regardait son instrument, poli comme un miroir, à peine gras sur le tranchant. « Faut jamais toucher à ça, petit. Y'en a pour oublier, ils boivent. Moi, je découpe. Maintenant, recule, j'ai de la bidoche à préparer . »
Il n'attendit pas que le garçonnet eut reculé et rentra dans la carcasse décapitée, la fendit en deux d'un seul mouvement, la lame ripa sur l'esse et les deux pièces tombèrent au sol.
« T'aimes ça, le goret ! Tu vas en manger de l'acier, profilé et inoxydable. Ta mère te reconnaîtra pas. »
Il s'attaquait aux autres morceaux, alignés comme une armée immobile à ses ordres. Presque à chaque seconde retentissait le bruit mat d'un corps chutant sur le sol. Ses habits étaient maintenant maculés de gras et son sourire prolongé d'un trait de sang le rendait méconnaissable. Marty commençait à prendre peur. Était-ce son oncle, habituellement tendre et affectueux, cet homme qui tournoyait autour de la viande, peinturluré horriblement, avant de la laisser tomber en côtelettes ?
Un silence se fit, il semblait avoir terminé son travail, si ce n'était cette grosse pièce au fond de la chambre froide, elle était tellement énorme qu'elle touchait le sol.
« Ah, te voilà général Verrat !Ça Marty… » Il se retourna vers lui, montrant qu'il ne l'avait pas oublié. « Ça c'est un chef, un vieux mâle qui a passé sa vie à féconder de la truie. Ta viande doit être plus coriace, mon cochon. Verrat, on va voir ça ! » Et d'éclater de rire à sa plaisanterie. En l'entendant s'esclaffer Marty eut l'impression de retrouver son oncle. Il s'approcha. Ce fut d'abord le bruit qui le surprit. A la place des crissements, un court 'tchac' se faisait entendre de façon répétée. Visiblement le général était résistant.
Kendall était maintenant comme un bûcheron à ahaner sur sa hache. Il cherchait à élargir une entaille entre deux côtes. Le travail était rude, Kendall transpirait, il enleva son tablier, puis, cela ne suffisant pas il retira sa chemise, se trouvant à demi-nu dans les entrailles de Verrat. Il redoubla d' efforts, ses cris étaient maintenant à leur paroxysme, étouffés cependant par la carcasse du monstre qui le recouvrait. Enfin, ils portèrent leurs fruits, les premières côtes se dessinèrent, puis les jambonneaux sculptés avec soin, et l'échine un chef d’œuvre de désossement.
Enfin, luisant de sueur, heureux, il sortit du squelette et dans une dernière virevolte fit tomber la tête de Verrat. Elle souriait, comme réjouie de son sort.
« On s'est bien amusé, pas vrai Marty ? » Kendall était, lui aussi, réjoui.
L'enfant ne répondit pas, il baillait, Kendall comprit qu'il était temps de partir. Il rangea son matériel, et avec Marty sur ses épaules, quitta la chambre froide, en fermant la lourde porte sur ses exploits. La nuit les recouvrit, et le silence. Seul se faisait entendre le bruit de sa prothèse sur le sol, remplaçant cette jambe perdue il y a quelques années dans une porcherie.
La légende rouge 'Ken le boucher maudit' a été jugée trop forte et n'a finalement pas été retenue dans le playset. En hommage à son oncle, l'unijambiste artiste des chambres froides, Marty Rosswater a alors conçu un succédané: le 'Marcheur de chaînes de la halle aux viscères'.
Voilà, vous connaissez maintenant l'histoire tarabiscotée de cette carte au nom improbable.
Si vous avez aimé, j'ai aussi la véritable histoire de 'Liliana du Voile', que je pourrai vous… dévoiler (attention, c'est chaud!)
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